(...) Si les clowns qui peuplent une bonne partie des palissades de Botti font souvent preuve d'une pétaradante jovialité, on ne saurait les soupçonner d'insouciance. "La fraternité dort sous la peau des foules", "La terre est, maboule", "Les larmes du ciel s'écoulent sur mes insomnies" "Amis grincheux : la faute est à la page comme l'épine est à la rose", lit-on, çà et là, dans la cambrure impossible d'un contorsionniste ou sous le chapeau à clochette d'un Auguste rebondi... L'humour de Botti n'est pas toujours exempt de morbidité, et la morbidité de Botti n'est jamais dépourvue d'humour. Clin d'oeil aux marginaux de tout poil, ce Cirque là est aussi une tentative d'assassinat...

... contre toutes les récupérations de l'art de la rue par le discours ambiant. Un assassinat par le ridicule. Illustrations, estampes, lithographie, livres d'art, carnets de croquis qui mériteraient à eux seuls une édition en relief... Botti travaille tout le temps. Ses toiles circulent à Drouot sous le marteau de Mme Boisgirard. Il confectionne ses pigments, il a le goût de la composition et le sens de l'étrange, la maîtrise de la forme et l'intuition du mot. Il enseigne dans une école qui prépare aux Arts Déco, mais la subversion ne l'effraie pas : Botti est un franc-tagueur, un empêcheur de peindre en rond. Une graine d'ananar...

F. de Lavarène - 92 express - 01/99.

René Botti